Les villes, avec leurs rues embouteillées mais aussi leurs
jardinières bien garnies et leurs avenues bordées de platanes,
constituent désormais une sorte d’eldorado paradoxal pour des abeilles. Elles sont en effet à la peine dans les campagnes où règnent de monotones et mortelles monocultures.
Paris a décidé de prendre le parti de l’insecte emblématique en
ratifiant, le samedi 20 juin, la charte « L’Abeille, sentinelle de
l’environnement ».
Rédigé par l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF), ce texte stipule en substance que le signataire s’engage à proscrire produits toxiques, pesticides, OGM, à soutenir et faire connaître butineuse et apiculture.
La signature aura lieu au Chai de Bercy, tandis que la dixième édition
des Apidays, la fête des abeilles, battra son plein un peu partout en
France, du 18 au 20 juin, avec des expositions, des dégustations de
miel, des visites…
600 ruches dans la capitale
La
capitale n’est pas peu fière de dévoiler son caractère
« bee-friendly ». Elle estime abriter déjà environ 600 ruches, soit 4,6
au kilomètre carré, davantage que Berlin, son homologue verte qui ne
dépasse pas les 3,3 au km2. Le premier rucher école, installé
dans le jardin du Luxembourg, date de 1856. Il a fait des émules
depuis : on compte une cinquantaine de colonies domestiques installées
dans les bois de Vincennes et de Boulogne, huit dans les jardins du
conseil régional. Il y en a d’autres sur les toits de l’Opéra, sur ceux
de la mairie du quatrième arrondissement et du Crédit municipal dans le
même quartier ; et puis dans le jardin Georges-Brassens, les parcs
Monceau et Kellermann ; sur les terrasses de particuliers aussi, toutes
recensées en principe par la préfecture de police. Même l’Ecole normale
supérieure se targue de produire son miel – au moins partiellement
récolté sur place.
Ce Paris qui bourdonne est appelé à prospérer.
Pénélope Komitès (PS), adjointe à la mairie, chargée des espaces verts,
de la nature et de la biodiversité, annonce l’installation prochaine de
nouvelles ruches. Elle nourrit surtout moult projets qui vont permettre
de « renforcer la place de la nature à Paris ». Car
il ne suffit pas d’offrir le gîte aux abeilles citadines, il faut aussi
leur fournir de quoi butiner en quantité et en qualité.
20 000 arbres supplémentaires d’ici à 2020
« Sur les 30 nouveaux hectares d’espaces verts promis durant ce mandat municipal, nous en avons réalisé 4,5 hectares, annonce Mme Komites. Nous
nous sommes aussi engagés à planter 20 000 arbres supplémentaires d’ici
à 2020 dans les jardins de la ville, mais aussi dans les rues, les
écoles, dont une bonne part de pommiers, de poiriers… » L’élue, qui reconnaît « se battre mètre carré par mètre carré »,
a l’ambition de rendre végétales des rues dans chaque arrondissement,
avec des pavés enherbés notamment, ainsi qu’une centaine d’hectares de
toitures et de façades du patrimoine de la ville et des organismes
publics. Elle veut donner un coup d’accélérateur à l’agriculture urbaine
et doit présenter au prochain conseil de Paris, fin juin, la création
d’un permis autorisant les habitants à semer des graines aux pieds des
arbres, des murs, bref à agrémenter de vert le domaine public.
« On va distribuer des graines, de la terre, promet-elle. Le
secteur privé est intéressé aussi : cette saison, pour la première
fois, 400 kilogrammes de fraises viennent d’être récoltés sur les toits
des Galeries Lafayette. » Enfin, à part quelques restes limités
d’intrants dans ses cimetières, Paris n’utilise pratiquement plus de
pesticides et promet de privilégier les variétés de plantes mellifères. Tous ces efforts donnent donc lieu à la première fête des abeilles parisiennes dans plus d’une douzaine de sites.
Engouement pour l’apiculture
Cependant,
d’autres collectivités avaient franchi le pas avant la capitale. Des
municipalités comme Besançon, Blois, Montpellier, Clermont-Ferrand l’ont
précédée depuis plusieurs années, tout comme la Principauté de Monaco.
En Ile-de-France, le conseil régional, de nombreuses communes, Aéroports
de Paris, le Château de Versailles se sont engagés à prendre soin des
abeilles. Sur tout le territoire,
on va célébrer les butineuses dans des centres commerciaux, des bases
de loisirs, des aires de repos de Cofiroute, des bords de voies
navigables, des vignobles, les magasins Botanic…
« On assiste à un engouement évident pour s’initier à l’apiculture. Ce n’est pas une mode, mais une lame de fond, » assure Henri Clément, porte-parole de l’UNAF. Chiffres à l’appui : après avoir chuté dans les années 2000, le nombre d’apiculteurs est remonté à environ 70 000, dont 2 000 professionnels.
Ensemble, ils veillent sur près de 1,3 million de ruches. Mais la
production de miel, elle, est en berne : environ 32 000 tonnes en 1995,
20 000 t en 2013, 10 000 t en 2014.
Informa: Julio Rivas
Font: Le Monde
Foto: ANDRÉS NIETO PORRAS/CC BY-SA 2.0
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